28 juin 2006

Blagues et contes d’antan

Au début du siècle dernier, Aristide Filiatreault a publié des contes, anecdotes et récits dans le langage du terroir. Illustrées par René Béliveau, ces histoires sont entrecoupées de blagues dont quelques-unes sont reproduites ci-dessous :

  • Les mots qui restent :
    En Cour Supérieure, un avocat de Montréal bien connu pour ses expressions pittoresques, s’adresse au Président du tribunal. C’était une cause au sujet de la pension d’un cheval de trait qui mangeait au râtelier depuis plusieurs mois à ne rien faire.
    «Croyez-vous en bonne foi, Votre Honneur, que nous allons garder ce cheval les deux bras croisés dans notre écurie beaucoup plus longtemps ? Ce serait absurde.» (p. 19)

  • Un pauvre ouvrier se fait tuer à son travail vers sept heures et demie du matin. Il s’agissait d’avertir sa femme avec tous les ménagements possibles. On chargea de ce soin l’un de ses camarades qui se fit fort d’annoncer l’accident à la veuve avec toute la délicatesse voulue. Il se rendit incontinent chez elle et la trouva en frais de laver sa vaisselle.
    - Ma chère dame, dit-il, j’ai une triste nouvelle à vous annoncer. Votre mari qui travaillait avec nous, est tombé du troisième étage d’une maison en construction. Il s’est fracassé le crâne, il est mort raide. Les camarades vous l’apportent, et ils seront ici dans cinq minutes.
    - Vrai ? Eh ben ! attendez ; j’vas finir de laver ma vaisselle et vous allez voir une femme qui braille. (p. 22)

  • En cour d’assises :
    Un «avocat» bien connu interroge un témoin récalcitrant :
    - Dites à la Cour si lorque vous avez vu le cadavre pour la première fois, il respirait encore.
    - Vous voyez, qu’il plaise à la Cour, il ne répond pas. Parlez-moi d’un homme qui prend la parole et qui dit rien. (p. 27)

  • - Vot’ fille, M’sieu Desrosiers, comment est-elle de sa personne ?
    - Ben, M’sieu, ma fille est-belle, pis elle est jolie aussi. (p. 29)

  • Authentique :
    Un ouvrier tombe du haut d’un clocher, à cent cinquante pieds dans l’air. En passant il voir ses camarades, et un cri du cœur lui échappe :
    - Prenez soin de mon coffre d outils ! (p. 32)

  • Les élèves d’une école laïque présentent une adresse et un cadeau à leur maîtresse, une Irlandaise parlant le français comme nous. Une des élèves, de retour chez elle, raconte ce qui s’est passé.
    - Et puis, qu’a fait mademoiselle M., demande le père, en apprenant tout cela ?
    - Elle a braillé, pas pour rire. (p. 36)

  • Un chien extraordinaire :
    Un de mes amis possède un chien phénoménal. Il me disait un jour :
    - Il ne lui manque que la parole, et encore !
    - ? ? ?
    - Oui, l’autre jour je suis sorti avec lui pour aller à la chasse et comme je venais de tuer un gibier quelconque, je lui dis d’aller le chercher.
    - Où ça, me fit-il.
    - ! ! ! (p. 36)

  • Echo d’élection :
    Au cours d’une campagne électorale dans Montcalm, un orateur échevelé lance la phrase suivante :
    «Oui, Messieurs, voilà huit ans que notre adversaire vous représente à Ottawa. Qu’a-t-il fait durant tout ce temps ? Rien du tout. Il n’a pas même été capable de faire poser une rivière navigable dans le comté. Si vous élisez l’homme respectable que je représente ici ce soir, il en fera mettre trois dans le comté.»
    (Applaudissements.) (p. 38)

  • - Dors-tu, Joe ?
    - Non.
    - Prête-moi donc ton buggy neuf pour la journée.
    - J’dors. (p. 40)

  • On parle de monter «Chanteclerc» à Montréal.
    - A ce sujet un vieux débois de la ville garde théâtrale, qui a traîné sur les planches de tous nos théâtres français, faisait cette réflexion :
    - Oh ! moi, je suis prête à me sacrifier encore une fois, et je remplirai avec plaisir le rôle de la faisane.
    - Ce sera une faisane faisandée, remarque une de ses bonnes petites amies. (p. 45)

  • A Québec :
    On a signalé à la Société Protectrice des Animaux un abus qui nous intéresse tous. Un individu est surpris, par un des membres de la Société, frappant sans pitié une pauvre rosse ;
    - Pourquoi battez-vous cette bête ?
    - Pour la mener plus vite au port où l’attend le bateau de Montréal ?
    - Qu’en fera-t-on à Montréal ?
    - De l’extrait de bœuf. (p. 45)
Référence : Filiatreault, Aristide. - Contes, anecdotes et récits canadiens dans le langage du terroir, avec illustrations par René Béliveau et préface de Rémi Tremblay. - Montréal : I. Filiatreault, éditeur, 1910. - 48 p.

Contes, anecdotes et récits canadiens dans le langage du terroir (au format PDF)

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